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Publié le par Christelle Gaborieau

Bonjour tout le monde,
 
Depuis le 7 août 2007, j’ai mis le pied sur le sol français. Mais, avant de vous raconter mon arrivée, je dois vous détailler les derniers jours.
 
Le dernier jour de la colonie de vacances à Sarh, tous les animateurs se sont retrouvés pour une journée-bilan et détente autour de la piscine. Aussi vrai qu’incroyable, il y a une piscine à Sarh ! J’ai donc eu la joie de pouvoir barboter en …short et t-shirt, n’ayant pas de maillot de bain dans mes valises.
 
Le lendemain, j’ai pris un mini-bus pour me rendre à Moundou. Au moment du départ, j’ai assisté à une scène effrayante. Deux chauffeurs se sont disputés pour une banale histoire de passager qui a pris sa place dans un mini-bus au lieu de l’autre. En quelques secondes, l’un des chauffeurs a sorti une machette et l’autre s’est procuré un bâton. Et je ne sais par quel miracle, en l’espace d’un instant, cinq à dix personnes se sont retrouvées armées d’un bâton, d’un couteau ou d’une chaîne de vélo. Et si ce n’est la sagesse de certains passants qui ont tout fait pour calmer les protagonistes, on assistait à une bataille sanguinaire. Cela m’a impressionnée de voir à quelle vitesse un simple malentendu a pu dégénérer et les armes apparaître comme par magie de je ne sais où.
 
Après cet épisode, nous nous sommes entassées dans le mini-bus, nous c’est-à-dire les 18 personnes qui allions voyager ensemble dans un véhicule prévu pour 11 passagers. Autant vous dire que l’espace vital de chacun était plus que réduit !
 
Le voyage s’est passé à un rythme assez lent car à chaque barrage, les policiers venaient vérifier les cartes d’identité, cartes scolaires ou passeports de chacun, dans le but de relever la moindre anomalie qui leur permettrait de demander un petit pourboire et ainsi de gonfler leur propre poche. Afin de limiter ces contrôles qui retardaient le voyage, car certains policiers retenaient le mini-bus pendant près d’une demi-heure, le chauffeur glissait généralement un billet généreux dans la main du policier. Mais cela n’empêchait pas certains policiers d’empocher le pourboire et de procéder néanmoins au contrôle des passagers.
 
Tant bien que mal, nous avons fini par arriver sur Moundou au moment où le soleil, lançant ses flammes ardentes, plongeait dans le Logone ; fleuve couleur de sang, Un spectacle magique !
 
Pendant 2 jours, j’ai découvert la capitale économique du Tchad. C’est impressionnant de noter la différence avec Bitkine. Des usines (Compagnie sucrière du Tchad, Brasserie du Tchad, Cotontchad), un aéroport actif, des commerces nombreux, une vie nocturne animée, la présence de nombreuses buvettes, voilà ce qui caractérise Moundou au premier abord.
 
J’ai ensuite voyagé entre Moundou et N’Djaména grâce à une « occasion du marché », c’est-à-dire que j’ai loué une place dans un 4x4 auprès d’un commerçant. Le véhicule n’était pas en très, très bon état : pare-brise fendu en plusieurs endroits, pare-chocs tordu, vitres se fermant manuellement, jauge à essence et compteur kilométrique en panne. Puis lorsque les premières gouttes de pluie se sont écrasées sur la vitre, j’ai également remarqué avec surprise que les essuie-glace ne fonctionnaient plus. C’est beaucoup plus ennuyeux. Du coup, à chaque averse, il fallait réduire de façon drastique la vitesse et tenter d’apercevoir à travers le rideau d’eau le ruban de la route. Un exercice périlleux quand on croisait un gros porteur ou un groupe de personnes ! Heureusement que le trafic sur les routes tchadiennes n’est pas trop dense !!
 
À chaque barrage policier, il a également fallu justifier de notre identité …. et de notre porte-monnaie. Mais sur cette portion de voyage, j’ai eu la chance d’avoir un chauffeur qui a plus d’une fois pris ma défense. Quand l’un des policiers demandait mes papiers, il répondait : « Tu ne vois pas que c’est une femme ? Pourquoi cherches-tu à l’embêter ? » (Dans la pratique, on ne demande pas les papiers aux femmes) et le policier lui répondait « Mais c’est une blanche, elle a beaucoup d’argent ! ». Mais le chauffeur lui parlait tellement vertement qu’il n’osait plus me demander mes papiers. 
 
Finalement, nous sommes arrivés sans encombre à N’Djaména.
 
Dans les derniers jours avant mon départ, j’ai eu le temps d’aller au marché acheter des souvenirs, de voir une dernière fois mes amis n’djaménois et de faire une visite au musée national qui présentait entre autres une exposition sur les Sao, les « Gaulois des Tchadiens ».
 
Le dernier jour est arrivé. Le matin, je me suis rendue à l’aéroport pour faire enregistrer mes bagages. Et là, comme je le pressentais, les douaniers m’ont demandé d’ouvrir ma valise qui contenait mes souvenirs. Ils ont commencé par tout sortir sur le sol alors que j’avais mis tant de temps à emballer et caler mes cadeaux pour qu’ils ne se cassent pas. Puis, ils m’ont demandé de tout remettre dedans. Mais là impossible de tout rentrer à nouveau, la valise ne se fermait plus. Les douaniers sont venus à la rescousse et après trois tentatives, ont réussi à fermer ma valise en s’asseyant dessus. Mais le but inavoué des douaniers était de faire état d’une soi-disant taxe sur l’artisanat afin de ponctionner le maximum d’argent à mettre dans leur poche. Mais, je connaissais la situation, je suis restée très polie, détendue et j’ai essayé de placer le maximum de mots en arabe dans la conversation pour montrer que je n’étais pas une simple touriste de passage. Cela a dû les impressionner dans le bon sens car quand l’un des douaniers a commencé à me sortir le grand jeu en me parlant de cette taxe sur l’artisanat, l’autre a pris ma valise et l’a déposée sur le tapis roulant. Ouf, sauvée !!
 
Puis à 23h30, j’ai décollé à destination de la France. Dans l’avion, nous n’étions pratiquement que des Blancs, les hôtesses nous parlaient en français et les repas étaient très hexagonaux. Tout cela m’a bien fait comprendre que mon départ était irrémédiable, ce que j’ai eu du mal à réaliser avant de poser le pied sur le sol français.
 
Alors voilà, maintenant, je suis en France depuis quelques jours, je tente de me réadapter à la vie occidentale (le froid me fait déprimer !) et de prendre un peu de recul sur tout ce que j’ai vécu depuis deux ans.
 
Je voulais vous remercier, vous mes fidèles lecteurs qui avez suivi avec assiduité mes péripéties et qui avez ainsi constitué pour moi un précieux soutien. Je remercie également ceux qui ont réagi par l’intermédiaire du blog ou en envoyant des lettres. Il ne m’a pas été possible de répondre personnellement à tout le monde, mon emploi du temps étant bien chargé. Mais soyez assurés que ces gestes m’ont procuré une grande joie.
 
Une fois que j’aurai réussi à « atterrir » un peu dans ma tête et après un repos bien mérité, j’espère pouvoir rencontrer le maximum d’entre vous pour vous faire partager de vive voix un peu de mon expérience tchadienne, vous montrer mes photos et échanger sur une autre vision du monde. Alors à bientôt pour tous ceux qui le voudront…
 
Christelle
P.S. : de nouvelles photos seront en ligne dans quelques jours. Soyez patients !
 

Publié dans christelle-tchad

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D
Bonjour depuis Canton (Guangzhou) Chine,bienvenue dans ma communauté,j'ai lu ton article très intéressant, ayant vécu quelques mois en cote d'ivoire,j'ai aussi "apprécié" les controles, mais heureusement pas très souvent. Mantenant j'habite en chine depuis plus d'un an, et aucun controle d'aucune sorte, en principe courant 2009 je vais rentrer avec mon épouse chinoise en France, et comme toi, je pense que j'aurais le coeur gros,surtout comme tu l'écris avec le froid qu'il fait en ce moment   , bonne journée.  :0059: byehttp://dany.enchine.over-blog.com/
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M
Bonjour Christelle,<br /> Merci pour ton blog, j'ai lu régulièrement les lettres même si je n'y ai jamais mis de commantaires.<br /> Une coopérante revient, un autre y va: je pars pour un an avec mon mari à l'île Maurice. Ce sera totalement différent à mon avis mais la richesse des rencontres sera bien là.<br /> Marie-Pierre (amie de Cécile)
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E
Chère Christelle,<br /> Merci de nous avoir permis de suivre ta vien quotidienne à Bitkine pendant ces deux années.<br /> Je te souhaite un bon retour en France. Je t'embrasse,<br /> Emmanuelle
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A
Bonjour Christelle,<br /> Tes "aventures" m'ont passionnée, cela va beaucoup me manquer.<br /> J'espère que tu viendras nous faire un petit coucou très bientôt à Nanterre. On t'attend tous ; Il y a eu beaucoup de changement !!<br /> Annick
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